En 2024, l’article « Biobanque Signature : origines et perspectives d’un projet longitudinal évaluant les signatures biologiques, psychologiques et sociales des patients visitant les urgences de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal » a été publié. Robert-Paul Juster, expert en analyse comparative sexe et genre et membre du sous-comité Équité, diversité, inclusion, sexe et genre au sein de l’Unité de soutien SSA Québec en est coauteur.
Membres de l’équipe
- Enzo Cipriani a,b,c, M.Sc.
- Philippe Kerr a,b,c, Ph.D.
- Cécile Le Page b, Ph.D.
- Charles-Édouard Giguère b, M.Sc.
- Sonia Lupien a,b, Ph.D.
- Stéphane Guay b,d , Ph.D.
- Robert-Paul Juster a,b,c, Ph.D.
- Consortium Signature b
a: Département de psychiatrie et addictologie, faculté de médecine, Université de Montréal
b : Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM)
c : Centre d’études sur le sexe*genre, l’allostasie et la résilience (CESAR)
d : École de criminologie, Université de Montréal
Cipriani, E., Kerr, P., Le Page, C., Giguère, C.-É., Lupien, S., Guay, S., Juster, R.-P. & Consortium Signature (2024). Biobanque Signature : origines et perspectives d’un projet longitudinal évaluant les signatures biologiques, psychologiques et sociales des patients visitant les urgences de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Santé mentale au Québec, 49(2), 173–201. https://doi.org/10.7202/1114410ar
Contexte
Cet article s’inscrit dans le numéro spécial de la Revue Santé Mentale au Québec célébrant les 150 ans de l’Institut Universitaire en santé Mentale de Montréal (IUSMM). La Biobanque Signature entrepose des données biologiques, administratives et psychosociales récoltées auprès de patientes et patients ayant visité les urgences de L’IUSMM entre 2012 et 2020. Les mêmes données biologiques et psychosociales ont été récoltées auprès d’un groupe contrôle sans historique psychiatrique.
Cet article a donc pour objectif de présenter les origines de la Biobanque Signature, le contexte entourant son émergence, les méthodes utilisées dans le cadre de ce projet, quelques accomplissements de la biobanque, ainsi que le profil social des participantes et participants.
Méthode
Plus de 2000 patientes et patients ayant visité les urgences de l’IUSMM ont été invités à participer à la Biobanque Signature. Cette participation consistait en la collecte d’échantillons sanguins, de salive et de cheveux et une réponse à une série de questionnaires mesurant les symptômes psychiatriques (ex : anxiété, dépression, symptômes psychotiques), la consommation de substances (ex : alcool, tabac, cannabis), les expériences de vie traumatiques, le profil psychosocial (ex : statut marital), etc.
De plus, des informations issues du dossier médical des patientes et patients ont été récupérées comme les diagnostics médicaux et psychiatriques ainsi que le type de traitement reçu. Le profil sociodémographique des participantes et participants a été analysé en comparant les différentes variables disponibles dans ce domaine en fonction de la catégorie diagnostique des participantes et participants. Comme évoqué plus tôt, un groupe contrôle de 149 participantes et participants sans historique psychiatrique ont fourni les mêmes échantillons biologiques et ont répond aux mêmes questionnaires psychosociaux.
L’ensemble de ces informations ont été récoltées à plusieurs reprises au cours du parcours de soin des patientes et patients :
- Pendant la visite aux urgences
- À la sortie d’hospitalisation
- Durant le suivi en clinique externe
- Douze mois plus tard ou à la rémission
Résultats
La Biobanque Signature comporte une grande variété de biomarqueurs issus de systèmes biologiques divers (inflammatoire, hormonal, métabolique, cardiovasculaire, génétique, etc.), un protocole longitudinal en contexte d’hospitalisation unique, un grande richesse de mesures psychologiques, psychiatriques et sociales, ainsi qu’une grande variété de données dérivées.
De plus, ces données ont permis, à ce jour, la publication de 16 articles scientifiques dans des journaux internationaux indexés, a permis la validation de 5 questionnaires psychosociaux auprès d’une population psychiatrique ainsi que la création de plusieurs variables dérivées dont notamment un score composite de genre socioculturel.
Concernant le profil social des participantes et participants, essentiellement, nous remarquons que l’ensemble des patientes et patients présentent un profil socioéconomique plus désavantagé que la population québécoise issue du quartier d’Hochelaga-Maisonneuve d’où sont principalement originaire les participantes et participants. En effet, leur salaire annuel moyen est significativement plus faible, ces personnes sont moins souvent mariées, et sont plus souvent sans diplôme. Ces résultats sont cohérents avec la littérature actuelle présentant les personnes ayant un diagnostic psychiatrique comme ayant des difficultés socioéconomiques plus marquées que la population générale.
Conclusion
La Biobanque Signature est un des joyaux de l’IUSMM, actuellement utilisée à une fraction de son plein potentiel et offre une richesse de données inégalée en Amérique du Nord. Ses données sont compatibles avec des méthodes de travail variées en psychopathologie et en psychiatrie (ex : approche par catégorie diagnostique), incluant des méthodes transdiagnostiques et transdisciplinaires tel que le Research Domain Criteria (RDoC) ou le Hierarchical Taxonomy of Psychopathology (HiTOP) par exemple. Cette Biobanque offre donc un espace d’exploration et d’étude riche et inédit pour les chercheurs et chercheuses du Québec et du monde. La Biobanque Signature est accessible à tous chercheurs et chercheuses, visitez banquesignature.ca pour plus d’informations.